Rappel : Partir à 60 ans est un droit, pas une obligation..
Alors, qu'on le hurle bien haut, si tant veulent prendre ce chemin à 60 ans c'est tout bêtement qu'ils n'ont que faire de gagner plus dans une activité dont ils ne tirent aucune satisfaction, parce que contrainte, enfermement, prison, usure, parce que travail ou salariat portent le sceau de la pointeuse, du chef à qui rendre des comptes...Cela seul justifie un vent rebelle. Et que ceux qui trouvent quelque jouissance en leurs faires et activités professionnelles disent "j'aime bien ce que je fais, je ne vois pas le temps passer, je me fais plaisir" poursuivent leurs cheminements ... Alors ce ne sera pas "Travail" mais "Activité, Faire, Oeuvre", instants bienheureux quand bien même je souffrirais à suer sang et eau, le dos usé par ce marbre que je vais sculpter.
Réfractaires, retraitants, la comptabilité sordide d'années espérées ils n'en veulent pas et ne peuvent que dire : Une existence, voilà qui est autre chose que débits et crédits. Plus grande espérance de vie? Tant mieux. Les ans vendus ou volés ne se rachètent pas... Ils nous diront en leur sagesse : "Je ne veux pas jouer ce jeu des 'il faut voir la réalité en face', ou bien ' Les autres pays..', et pareillement point ne renverrai la balle dans le champ comptable des 'du pognon il y en a' et tous autres 'tu as vu combien il touche?' ".
Réfractaires, à se refuser à ce champ comptable où s'engloutira le monde syndical, sauront-ils nous dire "Qu'ai je à faire de votre ping-pong d'économistes, l'affaire est philosophie, politique, culture....?".
Tant mieux si je peux vivre plus longtemps en m'intéressant à autre chose, en poursuivant d'autres pistes, en trouvant une autre activité à plein temps, rien-faire jouissif, bienheureux faire-rien, et toutes richesses à plonger dans lecture, écriture, bricolage, philosophie, agir en mon quartier, rebâtir une cabane au fond des bois, en refusant enfermement en une seule geôle.
Que oui, avouons le...Nous ne savons plus. Nous devons tant réapprendre. Nous sommes bien enkystés en ces soirées télé, en ces ouikendes qui nous vaudront des "T'as fait quoi" lourds de bien des consommations, en ces vacances qui nous rapporteront des "Cette année je compte bien faire la côte est... Bon c'est crevant.. l'an prochain, je m'en vais faire les Stèttsses..". Tout penauds à ne plus savoir prendre toutes voies, en se permettant ces bienheureuses pauses que nulle clope ne justifiera ni gain de productivité rassurant pour le grand chef... ...Il y a tant à ré-explorer, réinventer, quand nous ne savons plus. Nous ne savons plus vivre.
Qu'on en finisse avec ce découpage d'une vie en trois bouts bien proprets, qu'à ce "Tu fais quoi ?..C'est quoi ton boulot ?" on s'autorise désormais droit au silence le plus glacial, au "je touche ma paie", "je bosse", "je me fais chier à cent sous l'heure", "qu'esse ça peut te foutre","ça ne te regarde pas", "je ne répondrai pas à cette question"...
Être autre chose qu'étiquette d'un emploi sur une tête.