Charlie ne veut plus travailler.
Là, las en le travailloir, la main trop lourde, l'esprit trop embué.. Charlie ne veut plus travailler..
Être en le lieu, accomplir la tâche du jour, mille fois répetée, faire acte de présence, pointer, ajuster les instants tout autant que pli de cravate, décompter les politesses... Charlie aura travaillé.
Charlie a embarqué pour ailleurs, Charlie a pris le large... Le vent se refuse à vous rendre la politesse, celui là ne te poussera pas hors du port. Charlie a-t-il décroché l'ancre, Charlie a-t-il levé la voile...?
Charlie n'en peut mais. La pause. L'autre sera en cette pose café.. La main lasse, la paupière lourde, l'oreille paresseuse.. Il pourra toujours le Charlie échanger poliment ce sourire entendu sur la remarque de l'autre, il n'est pas là. Nul mot ne passera le seuil de ses lèvres, nulle pensée ne viendra s'imposer en les discours, nul rire ne le possèdera. Charlie aura travaillé en la connectique humaine.
Charlie est ailleurs. Il ne manquera pas d'être las, en ces dossiers entassés, en ces fichiers ouverts, en mille grimaces, en "mouais" entendus, en grommelements, en soliloques savants. Voilà qui le possèdera en ce jour. Lourd chantier que celui-là, mille fois recommencé.. "Vous en êtes où ? "... Charlie alignera les mots. Construira la phrase, le soupir pour ciment. Charlie aura travaillé en ce bâtiment mille fois rebâti.
Charlie s'en fiche, Charlie est ailleurs. Bien loin de ces illusions aux si beaux noms. Charlie attend l'heure de la sortie, Charlie décompte les heures, Charlie consulte la montre, Charlie découpe le jour, Charlie pousse les instants sur le damier d'une vie. Charlie aura travaillé en cette horloge sans fin.
Charlie ne fout rien. Charlie glande. Charlie n'en fout pas une. Charlie aura travaillé.
Charlie où es-tu ?
Je suis Charlie.